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Après les locales : Journalistes et acteurs de la société civile dans le viseur

 

HCRUNN

Le journaliste Younglove Amavi dont la mâchoire a reçu une balle en caoutchouc (photo archives)

 

Le Togo est une dictature sournoise dans laquelle les élections sont justes une formalité. Elles ne sont pas organisées pour permettre à chaque acteur de jauger réellement de son poids sur l’échiquier politique mais elles constituent justes un moyen de  conférer un vernis démocratique au régime en place de façon à le rendre fréquentable.

Malgré la soif d’alternance du peuple togolais, les tenants du pouvoir ne lésinent pas sur les moyens de conservation du pouvoir. Et ceci passe par des élections tronquées. Les dernières élections locales du 30 juin 2019 n’ont pas dérogé à cette règle où fraude et intimidations se sont encore données à cœur joie.

Depuis ces élections, les jeunes militants de l’opposition qui ont travaillé dans les bureaux de vote sont l’objet de traque. Il leur est reproché de n’avoir pas favorisé la fraude. Menacés, ils sont contraints certains de ces jeunes à vivre dans la clandestinité pour sauver leur peau. Ils sont nombreux à l’instar de ASSOGA Nourodine, AKAKPO Kofi Rodrigue, KOUASSI Komlan, ABOTSI Nibiemade Kokou, KPEGOUNI Latifou ou encore ALFA-BIAO Abdoul-Mouhizou, … dont les familles sont sans nouvelles d’eux depuis plusieurs semaines.

 Ces violences ne concernent pas uniquement des militants de l’opposition. Les défenseurs des droits de l’homme, les syndicalistes et les journalistes ne sont pas exempts. C’est ainsi qu’il nous a été rapporté que notre confrère Kossi Enyonam Hegbé connu sous le nom d’antenne de Désiré Hegbé serait rentré dans le maquis. Depuis plusieurs semaines ses confrères journalistes, ses camarades syndicalistes ainsi que sa famille n’ont pas de ses nouvelles.

Le souci de ce journaliste-présentateur a commencé dès qu’il a été élu au sein du Conseil de la Synergie des travailleurs du Togo (STT), la principale centrale syndicale du pays qui, a paralysé il y a quelques années, le pays par des mouvements de revendications sociales. A la suite de cette élection, M. Hegbé  est souvent l’objet de menace et d’intimidation. Constamment filé par des policiers en civil, il a failli être kidnappé un soir n’eut été sa vigilance qui lui a permis de déjouer cette rafle. Conséquence, il vit dans la peur et est obligé de changer fréquemment de domicile pour ne pas être repéré.

De toute vraisemblance c’est la diffusion de l’émission animée par le journaliste et consacrée aux préparatifs des élections locales qui serait la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dans cette émission, M. Hegbé  a mis l’accent sur les défaillances organisationnelles au niveau de l’institution en charge de l’organisation du scrutin, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) mais aussi révélé que plusieurs candidats du parti présidentiel, UNIR, n’ont qu’une piètre idée du rôle qu’ils sont censés jouer dans le nouveau conseil municipal. Des critiques qui sont mal vues du côté du parti présidentiel pour qui, les médias d’Etat sont leur chasse gardée et de ce fait ils ne tolèrent aucune voix discordante. Et depuis cette émission, le chef Section études et formation à Radio Lomé s’est volatilisé dans la nature.

Ce qui complique la situation de ce journaliste est qu’il est l’un des responsables du Syndicat des agents de l’information, techniciens et journalistes des organes publics (SAINTJOP), un syndicat considéré comme proche de l’opposition. Lui et son prédécesseur Younglove Egbéboua AMAVI sont dans le viseur des autorités. On se rappelle qu’en 2013, ce dernier, au cours d’une marche organisée par les organisations de presse qui devrait déboucher à la Présidence de la République pour exiger la relecture du nouveau code de la presse qui, selon ces organisations accorde plus de pouvoir à l’institution de régulation de la presse, la HAAC,  a été gravement blessé par une balle en caoutchouc tirée à bout portant sur lui et qui a failli lui arracher la mâchoire. Aujourd’hui, c’est son successeur qui en fait les frais. Il leur est reproché la liberté de ton mais aussi l’engagement syndical dont-ils font montre, chose qui n’est pas appréciée.

Par ailleurs, au lendemain de ces élections, d’autres militants de l’opposition  blessés dans leur chair ou dans leur amour-propre, car traumatisés par les menaces dont ils sont l’objet au quotidien ou jetés en prison, trainent avec eux les séquelles dans l’indifférence des leaders.

Si jadis, c’étaient les militants de l’ANC, du PNP et de la C14 qui faisaient l’objet d’arrestations, aujourd’hui plus personne n’est épargné. Les acteurs de la société civile à l’instar du Mouvement Nubueké ou du Front citoyen  Togo debout (FCTD) ne sont non plus épargnés.  Les revendications pour la libération des détenus politiques encore en prison se  font désormais rares.

 

Toutes ces personnes paient le lourd tribut de leur engagement politique ou syndicale et pourtant la liberté politique ou syndicale est reconnue par la Constitution togolaise quoique modifiée en mai 2018.

 

On se demande comment peut-on vivre ainsi dans un pays qui se dit respectueux de l’Etat de droit quand les citoyens souffrent le martyr ?

 

Francine DZIDULA

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