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BOITE A DEJEUNER

BAZIE Joseph Marc, analyste politique et membre du MCN : Le sentiment anti français est dû à une volonté de la jeunesse consciente qui souhaite une relecture des accords de coopération entre la France et ses ex colonies…

 



Après le coup de force d’Ibrahim Traoré et de ses hommes, le président de la transition burkinabè, lui-même arrivé au pouvoir par les armes en janvier 2022, a finalement renoncé à ses fonctions. Question sécuritaire, le coup d’Etat du 30 septembre 2022, la réclamation du groupe Wagner au Faso par le peuple, la démission de l’ex-président Damiba, la CEDEAO satisfaite de la négociation avec l’homme fort du Faso… Sur  tous ces dossiers chauds, BAZIE Joseph Marc, analyste politique et membre du MCN (Mouvement Conscience Nouvelle) s’exprime en exclusivité dans “Togo scoop info”.

 

Togoscoop info: Que pensez-vous de la prise du pouvoir par la force par le capitaine Ibrahim Traoré ?

BAZIE Joseph Marc : Merci de me tendre votre micro pour m’arracher quelques mots par rapport à la situation nationale.

Pour répondre à votre première question concernant la prise du pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré, je pense que ce coup d’État n’était pas trop attendu par le peuple Burkinabè.  Il a surpris le peuple car nous ne savons pas qu’à l’intérieur du MPRS (Ndlr : Le  Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration) il y avait des querelles internes très prononcées. On avait des rumeurs qu’un groupe de militaires n’étaient d’accord avec maintenant l’ex président Damiba sur les stratégies de lutte contre le terrorisme mais la majorité du peuple n’était pas aux parfums de ces informations.  Pour revenir à ce coup de force de Traoré nous pensons que l’ex président Damiba n’a pas répondu aux attentes du peuple. Les raisons avancées pour renverser Roch Marc Christian KABORE au pouvoir ont été justes mais lui également n’a pas fait mieux que Roch et pire l’ensemble du territoire sombre sous les djihadistes.  Le temps qu’il avait donné au peuple pour faire un bilan de la reconquête du territoire était très attendu par tous. Et le 4 septembre 2022 ce bilan a été fait depuis Dori (NDLR : ville au nord-est du Burkina Faso où une embuscade a été tendu par les terroristes à une patrouille de l’armée faisnt plusieurs morts) mais malheureusement tout comme Roch, Damiba était déconnecté de son peuple. Il a préféré écouter la hiérarchie militaire habituée aux salons feutrés de Ouagadougou que la chaleur sur le terrain de combat.  Ce qui a créé un fossé entre lui et les troupes sur le terrain. Donc l’attaque de Gaskindé à été celle de trop comme Inata l’a été pour Roch. Également en gardant le Lieutenant-colonel Zoungrana Emmanuel en prison arrêté par le régime Kaboré pour tentative de coup d’Etat, Damiba s’était tiré une balle dans le pied car ce militaire jouit d’une popularité auprès de la population civile et aussi il avait une unité sous sa direction donc c’était claire que ses éléments sur le terrain de lutte contre le terrorisme n’allaient pas accepter que leur mentor soit toujours en détention.  Ce qui donnerait une allure de règlement de compte entre promotionnaire. 

 

Togoscoop info: Le peuple réclame la coopération du Burkina avec la Russie et met feu à l’ambassade et les instituts de la France. Que pensez-vous de cela ??

BAZIE Joseph Marc : Le peuple réclame la coopération avec la Russie et met feu à l’ambassade de France, nous pensons que cela est légitime.  Légitime pourquoi parce que si vous vous rendez compte le Président français Emmanuel Macron avait convoqué les dirigeants de la sous-région à Pau (NDLR : commune du Sud-ouest de la France où le Président Emmanuel Macron a réuni les 5 chefs d’Etat du G5 Sahel)  pour qu’ils viennent s’expliquer pourquoi leurs peuples sont contre les Français.  Le sentiment anti français qui gagne le terrain depuis ces derniers temps est dû à une volonté de la jeunesse consciente qui souhaite une relecture des accords de coopération entre la France et ses anciennes colonies et les autorités françaises ne veulent pas de cela. La situation sécuritaire est venue tout aggravée. Depuis 2012 la France est présente militairement au Mali avec toute la logistique et la dernière technologie mais elle n’arrive pas à éradiquer le djihadisme, au contraire les groupes djihadistes ont gagné du terrain et atteint la majorité des pays du Sahel et même côtier. Ce qui a donné un sentiment populaire selon lequel, la présence réelle des soldats français n’est pas liée à la lutte contre le terrorisme mais la protection des intérêts français.  Face à ces milliers de morts les populations sont indignées de la politique française.  Les gens ne sont pas  contre les français ni contre les entreprises françaises mais contre la politique de domination et d’occupation de leurs dirigeants.  Le Mali a opté pour la coopération avec la Russie et grâce à la campagne de communication mise en place par les autorités maliennes, les populations burkinabè ont vu le matériel militaire obtenu par l’armée malienne et les résultats de reconquête du territoire, c’est donc l’effet de contagion. C’est pourquoi certains manifestent avec les drapeaux russes.

Pour revenir aux actes de vandalisme des institutions françaises par la population,  nous pensons que cela est à proscrire dans le comportement d’une jeunesse qui se veut consciente et responsable. Le Mali a expulsé l’ambassadeur français mais aucun local n’a été incendié. Il faut être au- dessus de la  colère. 

 

Togoscoop info: La France est-elle vraiment la source de l’insécurité au Burkina ?

BAZIE Joseph Marc : La source de l’insécurité au Burkina Faso est interne et externe.

Les raisons internes sont nombreuses et elles sont connues de tous. Quant aux raisons externes, la France est fortement impliquée. Voilà pourquoi la colère des peuples contre la France est très forte. Il y a plusieurs ambassades au Burkina Faso mais pourquoi c’est seulement celle de la France qui a été victime de vandalisme.  Rappelez-vous aussi du blocage du convoi militaire français à Bobo, Ouagadougou et Kaya. 

 

Togoscoop info: La CEDEAO est satisfaite de  l’entretien avec Ibrahim Traoré. Que pensez-vous de ça ?

BAZIE Joseph Marc : Le problème de la CEDEAO est le respect du calendrier arrêté avec le MPSR 1 si nous pouvons le dire ainsi.  Dans la mesure où le Capitaine Traoré a confirmé le respect de ce calendrier donc il n’y a plus d’inquiétude.  Aussi la vie de Damiba n’a pas été tentée et il a pu se retrouver dans un pays voisin donc tout est rentré dans l’ordre. La CEDEAO a été elle-même témoin de l’adhésion populaire a donc  encouragé les nouvelles autorités à revenir vite à la vie constitutionnelle.  

 

Togoscoop info: Quelle solution proposez-vous aux nouvelles autorités?

BAZIE Joseph Marc : Comme solutions aux nouvelles autorités,  nous leur interpellons de se servir de l’histoire de ce pays. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, a-t-on l’habitude de dire. Damiba s’était vite détourné de l’objectif réel du coup d’état du 24 janvier. La préoccupation des populations burkinabè c’est la sécurité donc il leur appartient de faire appel à toutes les forces vives qui peuvent contribuer à ramener la paix et la sécurité afin que les populations repartent chez elles. C’est le véritable souci actuel mais elles se mélangent les pédales dans la politique,  soyez sûr que cette même population reviendra dans les rues. Aux nouvelles autorités d’en tirer des leçons et d’assumer pleinement leur pouvoir. Un coup d’Etat est un coup d’état et il faut l’assumer. Ne cherchez pas à gouverner démocratiquement non, assumez votre pouvoir et mettez en œuvre votre plan. Le jugement populaire viendra des résultats du terrain.

 

Propos recueillis par Yaovi AGBEGNIGAN

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