Face à la situation que traverse actuellement l’université de Lomé et qui a abouti à une pétition, des langues se délient pour faire part de leur agacement dans la gestion du temple du savoir. Parmi ces voix celle du professeur agrégé Wolou Komi, ancien doyen de la Faculté de droit (FDD) qui, dans un message a ouvertement dit haut tout ce qu’il pense de la gestion actuelle de l’université. Nous vous proposons son intervention.
(…) Pendant longtemps, nous avons préféré garder le silence mais il est temps que chacun prenne ses responsabilités. La gouvernance de l’Université de Lomé pose problème, pose réelles difficultés. D’abord, la situation à l’égard des étudiants méritait déjà que nous puissions prendre position. (…) L’ascendance que les agents de sécurité ont pris sur les étudiants à travers un certain nombre d’acte et c’est la permission des autorités universitaires, leur attitude qui leur donne ce pouvoir. On peut citer encore d’autres choses à l’égard des étudiants.
Quand nous revenons au niveau des enseignants. Depuis un certain temps, c’est une tentative de museler les enseignants qui osent s’exprimer et cela c’est à la fois le fait du président de l’université et du ministre de l’enseignement supérieur. Leur volonté, c’est de museler tous ceux qui ont tendance ou voudraient s’exprimer à l’Université de Lomé. Après avoir essayé d’éteindre l’action syndicale, aujourd’hui on poursuit cherchant à traduire devant un conseil de discipline le doyen de la FDD de Lomé.
Trop, c’est trop, il est temps que chacun prenne ses responsabilités et c’est pour cette raison que je voudrais m’adresser d’abord à vous : doyens des différentes écoles de l’UL. L’université doit être apolitique. Vous, votre mission n’est ni d’être contre un pouvoir ni de soutenir un pouvoir mais de pouvoir défendre les enseignants et la communauté universitaire afin que nous puissions ensemble travailler convenablement dans le respect mutuel. C’est votre mission et il n’est pas donc normal lorsque la situation se dégrade que des responsables de l’université, ne puissent pas prendre clairement position pour dire non à notre ministre et dire non au président de l’université.
Nous sommes dans une situation grave, si chacun d’entre nous parce qu’il a peur ou parce qu’il attend des avantages personnels refuse de prendre position clairement face à ce qui se passe dans notre université, nous devons savoir que nous allons tuer notre université. L’université doit être un lieu de liberté, un lieu de réflexion, un lieu de fertilité intellectuelle et non que les uns cherchent à écraser les autres. Et je crois que nous devons dire non à cette situation.
Je continue à m’adressant à tous les enseignants de l’UL. Il est temps que nous puissions ensemble dire non : non à la gouvernance, non à ce que le ministre et le président de l’université font en toute violation de la loi. Et s’il faudrait que nous puissions lister toutes les violations de la loi nous le ferons. Remarquons simplement que les poursuites ou bien le harcèlement de nos collègues syndicalistes constituent une violation des conventions fondamentales que le Togo a ratifiées, c’est aussi une violation de notre constitution, une violation de la loi pénale également. Mais le ministre en toute impunité pense qu’il pourra continuer par violer la loi et à se placer même au sommet de la loi.
Nous en voulons encore pour preuve la dernière note de service qui, soumet la sortie des enseignants du territoire à l’autorisation préalable du ministre, le ministre qui se place au-dessus de la constitution alors que la constitution togolaise dit que l’entrée et la sortie du territoire est libre pour tout citoyen togolais. Il soumet l’exercice de ce droit fondamental à l’autorisation préalable du ministre. Non ! Je crois qu’il est temps pour que nous puissions dire non au ministre, non au président de l’université de Lomé.
L’université est apolitique et on ne devrait pas chercher à faire taire nous qui sommes les formateurs de l’élite togolaise. Je ne suis pas sûr que le président de la République, ou même le Premier ministre vous ait chargé de cette mission. Si l’un ou l’autre vous charge de cette mission alors ils ont trahi tout le peuple togolais.
Excellence Mme le Premier ministre, excellence M. le président de la République, je sais que vous suivez de près ces mouvements ou cette situation anormale au sein de notre université. Je ne crois pas que vous voudriez détruire cette université. Il est temps que vous puissiez agir ; particulièrement le doyen de l’Université qui est en train d’être traduit devant le conseil de discipline, il fait partie de ceux qui depuis plusieurs décennies ont lutté pour que notre faculté de droit puisse avancer. Nous avons ensemble avec plusieurs qui sont aujourd’hui admis à la retraite œuvré pour bâtir cette université, pour bâtir cette faculté de droit, sur le point de vue intellectuel et sur le plan humain et c’est ce que vous essayez de détruire monsieur le président de l’université. Peut-être que vous gagnerez votre bataille mais vous ne gagnerez pas la guerre, nous ne vous laisserons pas détruire le travail qui a été fait.
Personnellement, je suis venu à l’université par vocation et j’y ai consacré toute ma vie et je dirai nous avons formé des gens qui sont aujourd’hui de grands responsables à la tête de différentes institutions de ce pays et nous n’allons pas admettre d’être harcelé dans l’exercice de nos fonctions. Aucun d’entre vous, monsieur le président de l’université, monsieur le ministre n’est au-dessus de la loi. Peut être que mes propos me vaudront également d’être traduit devant le conseil de discipline. J’irai avec dignité, j’irai avec fierté vous répondre sachant que si je dois poursuivre ma mission je dois le faire dans la dignité. Je crois qu’il est temps que nous, communauté universitaire, en tout cas, corps enseignant que nous puissions dire que non, ça suffit et nous invitons le pouvoir politique à observer de près ce que se passe à l’université.
Transcription de la Rédaction de Togo Scoop Info
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