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Des coups de feu pour annoncer un décès

                                (tir de canon, image illustrative)
Si vous êtes nouveau et vous passez vos weekends dans le canton d’Agoè-Sogbossito, banlieue nord de Lomé, vous entendrez certainement le retentissement des coups de feu. Pas de panique ! Il ne s’agit pas d’une scène de braquage. Ces coups de feu, comme l’exige la coutume en milieu éwé, annoncent le décès d’une grande personnalité. Jadis interdit sous l’ancien régime  à la suite des attaques terroristes du  23 septembre 1986, les tirs funéraires ont repris de plus belles ces derniers temps surtout dans la banlieue de Lomé et dans certaines localités de l’intérieur du pays. 

Encore un weekend et les populations du canton de Sogbossito et Légbassito se tiennent par la tête car ils savent qu’elles vivront encore des nuits d’insomnie. Et pour cause, dans le milieu les weekends sont souvent réservés pour les cérémonies funéraires qui sont ponctués des coups de salve si le défunt est une personne âgée. 

Hormis les bars et les églises qui, chaque weekend tard dans la nuit, distillent déjà de la musique perturbant la tranquillité des habitants du quartier, ils doivent se résoudre à compter également avec ces cérémonies funéraires presque hebdomadaires.

« Ces coups de feu ont une signification. Nous les faisons pour annoncer aux villages voisins la mort d’un des nôtres », tente d’expliquer le chef d’un des petits  villages  d’Agoè.

Ainsi, résonnent de vendredi soir au lundi matin, le temps que dure ces cérémonies, des coups de feu  accompagnant tams-tams, danses, et  lamentations hystériques qui symbolisent tout le rituel africain jusqu’à la dernière demeure le défunt.

 Cette pratique très fréquente dans le canton qui se traduit le plus souvent pas trois coups de salve est un moyen efficace pour ces populations jadis d’annoncer le décès d’un être cher. L’évolution du temps avec son corolaire de nouveaux moyens de communication n’à rien altérer à cette pratique qui a toujours cours   sein de la communauté Agoè. 

« Nous le faisons souvent quand la personne décédée est un adulte, ce qui n’est pas le cas quand cette dernière est jeune », tente d’expliquer dame Yawa, la cinquantaine, native du milieu.

Cette pratique n’est pas seulement l’apanage  des habitants d’Agoè, « chez nous dans la préfecture de Yoto  plus précisément à Tabligbo, nous le faisons aussi. Mais c’est rare car nous le faisons uniquement au cas où la personne décédée est un sage, une personne assez âgée.  Mais depuis un moment c’est en voie de disparition parce que le gouvernement l’avait interdit et c’est normal d’ailleurs », affirme Grégoire, un résidant de la zone de Légbassito.

Même si la pratique est un fait culturel, il n’est pas sans gêne pour les habitants du quartier. « Nous ne pouvons plus dormir tranquillement à cause de ces coups de feu, il y a des malades notamment des gens souffrant des problèmes de cœur parmi nous et quand ces coups se font entendre, certains n’arrivent pas à supporter », se plaint  Jean qui dénonce par la même occasion que les familles éplorées n’ont souvent pas l’autorisation de la préfecture avant de procéder à ces tirs.

Georgette assise devant son portail estime que «entendre des coups de feu durant tout la cérémonie d’enterrement d’Agoè est traumatisant».

Face à cette situation, la question qui se pose est de savoir s’il faut légiférer dans ce domaine en tenant compte que la précédente interdiction n’a pas été respectée. That’s the question…

Brigitte SESSO

E-Mail : togoscoop@gmail.com

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