C’était l’époque où le Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC) et le Collectif sauvons le Togo (CST) organisaient chaque weekend des manifestations de protestation. Ce samedi 15 septembre 2012, le point de départ de la marche était Tokoin-Doumasséssé.
Très tôt le matin de ce samedi, aux environs de 8h, au moment où les premiers militants des deux regroupements (CST-FRAC) convergeaient au carrefour du Boulevard de la Kara à la jonction de l’Eglise baptiste de Tokoin-Doumasséssé, point de départ de la marche, ils ont été pris à partie par des individus identifiés comme des miliciens proches du pouvoir.
Cette horde de miliciens armés de cordelettes, de gourdins cloutés, de couteaux, de machettes, de haches, visiblement avec la bénédiction des forces de police et de gendarmerie déployées pour assurer la sécurité de la marche, a passé à tabac les manifestants. Rapidement, ils se sont dispersés aux autres carrefours notamment aux quartiers Tokoin Ramco, Tokoin Gbadago, Amoutivé, le carrefour Cica Toyota et leurs environs, où ils ont continué leur basse besogne en passant violemment à tabac toute personne identifiée comme étant militant de l’opposition.
Dans la soirée, le FRAC-CST qui a organisé un point de presse au siège de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) a dressé le bilan : il a dénombré une cinquantaine de blessés dont une trentaine de cas graves. En plus du bilan humain, les dégâts matériels sont énormes : des engins des manifestants calcinés, des boutiques pillées, des pneus enflammés, des barricades posées…
Les organisateurs de la marche ont accusé le pouvoir d’être l’instigateur de cette violence « préméditée » et sans raison sur une manifestation pacifique. « En fin d’après-midi, plusieurs dizaines de miliciens se sont rendus au siège du RPT/UNIR au quartier Tokoin Forever où de l’argent leur a été distribué », a soutenu Zeus Ajavon, le Coordonnateur du CST, parlant de 150 millions de F CFA distribués.
Au cours de la conférence de presse, il a été très dur envers le pouvoir : « c’est une déclaration de guerre que le pouvoir et ses miliciens nous ont faite », a déclaré Me Zeus Ajavon avant de poursuivre : « Nous avons été surpris cette fois-ci mais la prochaine fois advienne que pourra », a-t-il averti en révélant que les auteurs de cette violence ont tenu une réunion la veille jusqu’à 22h pour planifier leur plan. Le Coordonnateur du CST a souligné qu’il a en sa position une vingtaine de nom de miliciens qui les ont attaqués.
Les forces de sécurité sont accusées d’être en collusion avec les miliciens. Réagissant à cette accusation, le ministre de la sécurité et de la protection, le colonel Yark Damehane, a promis faire la lumière sur ces événements. Une enquête a été ouverte. Les résultats nous les attendons.
…Parce qu’un peuple sans histoire est un monde sans âme.
Albert AGBEKO
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