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Du PPTE au Compact qu’est-ce qui change pour le peuple togolais ?

Aucun peuple en élisant ses dirigeants n’attend que son développement vienne de l’aide extérieure. Mais très souvent, en Afrique surtout, les dirigeants n’ont de projet de développement pour leur peuple que d’aide extérieure qu’ils reçoivent. Ainsi, de sommet en sommet, sans être en mesure d’assurer le bien-être et le bonheur de leur peuple, les dirigeants africains quémandent des aides dont la plupart, sont détournées. Or, ce continent plein de potentialités, bien gérées, c’est lui qui volerait au secours des autres nations du monde.

Au cours du Sommet États-Unis/Afrique, le président américain, Joe Biden, a annoncé que le conseil d’administration du Millennium challenge corporation (MCC) du gouvernement américain a sélectionné plusieurs pays du continent noir pour bénéficier des subventions du MCC. Le Togo figure parmi ces pays.

TOGOCOM

« Depuis le début de mon administration, le MCC a annoncé de nouveaux investissements de près de 1,2 milliard de dollars en Afrique. En fait, le MCC vient d’annoncer des partenariats avec quatre pays africains – les premiers pactes pour la Gambie et le Togo pour stimuler le développement économique, un pacte avec le Sénégal pour renforcer les connexions régionales et un programme de seuil avec la Mauritanie pour aider à renforcer la gouvernance démocratique et poursuivre la réforme politique pour débloquer la croissance économique. Ces investissements du MCC font partie du travail effectué dans le monde entier par le biais du Partenariat pour l’infrastructure et l’investissement mondiaux », a déclaré le président américain.

Dans les pays éligibles on jubile, la même jubilation qui avait accompagné pour le cas du Togo l’atteinte du seuil du PPTE (pays pauvre très endetté). Qu’apporte cette nouvelle aide au continent et qu’est-ce qui va changer maintenant, voilà les questions auxquelles la grande majorité de nos populations attendent des réponses. Pas grand-chose, si la gestion reste toujours la même, pourra-t-on tenter de dire.

Selon les experts avec son élection au programme Compact, le Togo bénéficiera de 5 à 10 fois le montant du Threshold qui est, lui, de 35 millions de dollars. « Tout dépendra des programmes établis d’un commun accord entre le Togo et le MCC et le niveau de profit de la population », confie une source à l’Ambassade des Etats-Unis à Lomé sous couvert de l’anonymat. Et de poursuivre que ce financement va impacter directement des secteurs d’intérêt direct pour la population comme l’accès à internet pour développer les entreprises, l’accès aux terres agricoles, l’accès à la santé, l’accès à l’éducation, les initiatives de lutte contre la corruption…Tout porte à croire, selon les estimations que c’est entre 100 à 270 milliards de F CFA (la plus forte somme jusque-là accordée par le programme au Sénégal) échelonnés sur 5 ans que le pays bénéficiera grâce à ce programme. Comparé à la remise de la dette du Togo intervenue en 2010 dans le cadre de l’initiative PPTE, ce n’est pas beaucoup mais pas négligeant non plus.  En effet, au cours de cette période plus de 700 milliards de F CFA de la dette publique du Togo envers les principaux bailleurs notamment le Club de Paris, la Banque Mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) avaient été annulés sans résultats probants. Un adage bien connu des Togolais dit que celui qui a mangé un bateau sans être rassasié, ce n’est pas une pirogue qui le rassasierait.

Même si l’initiative PPTE ne visait pas à verser directement de l’argent aux pays comme c’est le cas du programme Compact, l’allègement de la dette devrait en principe permettre la relance de l’économie avec la création d’emploi. Le taux de chômage devrait baisser, les œuvres sociales s’accroitre et la population- qui a serré les ceintures pour arriver à l’annulation devra jouir des retombées positives de ce programme-, avait soutenu les autorités togolaises.

A l’époque, la dette publique extérieure du pays était estimée à 1,805 milliards de dollars US. L’allègement de celle-ci au titre de cette initiative est estimé à 270 millions de dollars, soit une réduction de 19% de la dette. Techniquement, le montant dégagé régulièrement pour payer cette dette devra en principe rester dans les caisses nationales et servir à faire face aux engagements et défis sociaux, à la croissance et à la pauvreté. Mais dans les faits, entre l’atteinte du PPTE et aujourd’hui rien n’a sensiblement changé positivement pour la population togolaise au point où on peut se demander à quoi ont servi les sommes jadis consacrées au paiement de la dette ? Puisque depuis 2010 jusqu’aujourd’hui le pouvoir d’achat de la population n’a guère évolué, au contraire, il s’est encore dégradé. Les salaires des fonctionnaires n’ont pas connu d’augmentation, les bourses des étudiants ne sont pas revues à la hausse, les prix des intrants agricoles n’ont pas diminué. La population continue par payer cher l’électricité, l’eau, le carburant, les taxes au péage, les produits de premières nécessités crèvent les yeux …

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Certes, du point de vue macro-économique, les indicateurs sont positifs. La pauvreté, selon les statistiques, durant les dix dernières années a diminué de près de 10 points, la croissance est à un niveau acceptable, dépassant même la moyenne de l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne, le Togo est classé, selon les rapports « Doing business », parmi les pays les plus réformateurs du monde, l’OTR, même en période de crise arrive à mobiliser des recettes qui dépassent des prévisions.

MALGRE LES EFFORTS LE PANIER EST VIDE

Mais tous ces efforts ne se traduisent pas dans le panier de la ménagère du citoyen togolais. Les inégalités de répartition de richesses subsistent. On a d’un côté, une classe de privilégiés, la minorité qui profite des richesses du pays alors que la majorité des Togolais continuent par tirer le diable par la queue. Alors que la population attend les retombées des efforts consentis par le passé et qui ont abouti à l’annulation d’une partie de la dette, les craintes d’une accumulation de nouvelle dette se confirment. Le Togo n’a pas su faire une bonne gestion de sa dette et le pays retombe de nouveau les travers de la dette. En l’espace de trois ans, la dette extérieure togolaise a franchi la barre des 1000 milliards de F CFA. Elle est passée de 550 milliards F CFA en 2017 à 1 031 milliards en 2021 ce qui représente 36% de la dette publique totale, estimée quant à elle à plus de 2 828 milliards au 3ème trimestre de l’année 2021. Il y a deux ans, elle ne représentait que 19% de l’encours total.

Alors que le pays s’endette de nouveau lourdement, à part la construction des routes (qui sont là aussi mal faites) sans compter les détournements de fonds, en 4 mandats, le président Faure Gnassingbé n’a pas construit d’hôpitaux, d’universités, stades.… Les élèves togolais ne peuvent pas profiter des sacrifices consentis par les parents en payant les taxes. Ils suivent des cours dans des salles de classes à effectif pléthorique. Malgré cela, en octobre 2019, en marge de la célébration des résultats du « Doing business », le N°1 togolais reconnaissait que le poste le plus élevé du budget togolais, est le remboursement de la dette. A cette allure, le pays risque encore d’hypothéquer l’avenir de ses enfants si rien n’est fait.

 

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Francine DZIDULA

Photo : DR

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