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Proclamation de la victoire de Faure au Togo : La rapidité suspecte de la CENI

 


Annoncés pour tomber dans un délai d’une semaine ensuite ramenés à quarante-huit heures, les résultats de la présidentielle du 22 février dernier au Togo, ont finalement été publiés tard dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 février, soit quelque 24 heures après la tenue du scrutin, par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Une performance digne des plus grandes démocraties et qui ne manque pas de surprendre dans un pays où la centralisation et la compilation des résultats a souvent pris beaucoup plus de temps. En 2015, par exemple, les résultats étaient tombés trois jours après le scrutin, alors qu’en 2010, la CENI avait mis quarante-huit heures pour proclamer les résultats. C’est dire si pour le scrutin du week-end dernier, la CENI togolaise a battu son propre record en faisant mieux qu’au cours des précédents scrutins. Quelle prouesse ! Aussi, pour l’une des rares fois qu’un pays africain comme le Togo brille par la célérité dans la proclamation des résultats d’une élection, on ne peut pas lui jeter l’anathème.
C’est à se demander si ce ne sont pas des résultats de laboratoire
Mais dans le temps, on peut se demander si la rapidité dont a fait montre la Commission électorale, a aussi été accompagnée de la transparence nécessaire à la fiabilité des résultats. Rien n’est moins sûr. D’autant qu’avant la coupure des réseaux sociaux au moment du vote, le pouvoir de Lomé avait récusé l’offre d’observation du scrutin par l’Eglise catholique. En plus, à en croire l’opposition, certains de ses représentants ont été refoulés dans les bureaux de vote où ils devaient assister au dépouillement des bulletins pendant que des observateurs de la société civile se voyaient aussi retirer leurs accréditations. C’est pourquoi l’empressement de la CENI à proclamer la victoire du président Faure Gnassingbé, à une heure tardive qui a pris plus d’un de court, peut paraître suspect. A-t-elle véritablement pu procéder, dans un délai aussi bref, à la centralisation de tous les résultats comme il se doit ? C’est à se demander si ce ne sont pas des résultats de laboratoire et si leur proclamation, dans l’urgence, ne visait pas plutôt à court-circuiter le candidat Agbeyomé Kodjo de l’opposition qui, quelques heures avant, revendiquait déjà la victoire devant la presse réunie pour la circonstance, au regard des chiffres dont il disait disposer. Comme si le pouvoir voulait éviter de se faire évincer, dans une folle course où chacun voudrait prendre les devants. Quoi qu’il en soit, force est de constater que dans cette élection expérimentale de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, réclamé par l’opposition pour se donner plus de chances de provoquer l’alternance dans les urnes, Faure a réussi à triompher sans coup férir. Toutefois, le score de 72,36% ne manque pas de surprendre, quand on sait qu’en 2010 et 2015, le locataire du palais de Lomé II peinait à dépasser la barre des 60% de suffrages qui avaient consacré sa victoire, là où son challenger le plus sérieux, Jean-Pierre Fabre, s’en sortait en 2010 et 2015, respectivement avec 33,93% et 34,95 des suffrages qui semblaient marquer une certaine progression.
La contestation de l’ex-Premier ministre ne sera qu’une tempête dans un verre d’eau
C’est dire si les 4% de voix récoltés ou attribués à ce dernier au scrutin de samedi dernier, constituent une véritable humiliation pour le candidat de l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Et l’on continue de se demander comment l’opposition togolaise, dans son ensemble, qui avait réussi des mobilisations à faire vaciller le régime, a pu subir une telle bérézina qui ne laisse que 18% des voix au candidat arrivé en deuxième position, Agbeyomé Kodjo du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie. Il crie déjà à l’imposture et affirme avoir « gagné cette élection présidentielle du 22 février 2020 au premier tour, avec un score oscillant entre 57% et 61% ». Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. Car, une chose est de crier à la fraude et de contester les résultats d’une élection, une autre est d’apporter la preuve de ses allégations. Et dans le cas d’espèce, il y a bien des raisons de croire qu’Agbeyomé Kodjo est sur les traces de Jean Ping, de Martin Fayulu ou encore de Soumaïla Cissé d’autant que l’on ne voit pas la marge de manœuvre dont il dispose pour faire pencher la balance du contentieux électoral en sa faveur dans un pays au système minutieusement verrouillé par les tenants du pouvoir. C’est pourquoi il y a des raisons de croire que la contestation de l’ex-Premier ministre ne sera qu’une tempête dans un verre d’eau.  En tout état de cause, même s’il peut, à présent, boire son petit lait pour ce qui paraît une retentissante revanche sur son opposition qui n’a eu de cesse de ruer dans les brancards, le chef de l’Etat togolais devrait avoir le triomphe modeste pour avoir été élu, une fois de plus, dans des conditions visiblement pas très clean. C’est à se demander si ce petit pays d’Afrique de l’Ouest qui traîne la réputation de mouton noir de la démocratie dans la sous-région, est capable d’organiser des élections propres. Mais au-delà, on peut se demander combien de chefs d’Etat du continent peuvent se targuer d’avoir été bien élus.

 

Source : Le Pays
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1 commentaire
  1. Unknown L'utilisateur dit

    C'est vraiment pitoyable quand-même.
    Le Togo demeure l'unique dictature dans la sous-région et nos soi disant intellectuels se sentent fiers de cette situation.
    À quand la miséricorde divine pour notre pays ?

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