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Togo: L’opposition perd sur deux fronts


A quelques trois mois de l’élection présidentielle, l’opposition togolaise perd sur deux fronts  face à un pouvoir assuré du soutien de la communauté internationale et qui est décidé à aller jusqu’au bout de sa logique, celle de ne faire aucun cadeau à son adversaire politique dans la perspective des préparatifs de cette élection. Esseulée sur le plan diplomatique, grippée du point de vue de la mobilisation populaire et en panne de stratégie, l’opposition togolaise se devrait, à trois mois d’une échéance capitale, de refaire le chemin perdu. C’est dans ce sens qu’est perçue la rencontre des forces démocratiques, à l’initiative de l’Archevêque émérite de Lomé, Mgr Kossi Philippe Fanoko KPOJRO qui, a regroupé les principaux partis politiques, les candidats déclarés à l’élection présidentielle et la société civile.  Mais à l’arrivée, la rencontre n’a accouché que d’une souris.

On  a certainement placé plus d’espoir qu’il n’en fallait en cette rencontre de CESAL. Au finish, à la lumière des conclusions de la rencontre  des forces démocratiques, qui devrait  baliser la voie menant vers la présidentielle de 2020, c’est le pouvoir qui devrait s’en frotter les mains. Car rien n’est sorti de ce conclave pour l’ébranler dans sa volonté d’organiser la présidentielle au pas de charge. Or, en se réunissant, les Forces démocratiques savaient qu’ils jouaient ou double. Soit, elles mettent tout en œuvre pour sonner le tocsin de la mobilisation pour obtenir les meilleures conditions d’organisation du scrutin ou à contrario,  désigner un candidat de consensus qui transcende les clivages qui aura pour mérite de galvaniser et donner la hargne de vaincre aux troupes. In fine, une sorte de mobilisation des Togolais de la diaspora et sur le territoire national sera relancée comme cela avait été le cas il y a quelques mois. 

Mais sur ces deux aspects,  l’initiative de Mgr KPODJRO, n’a pas prospéré. A sa décharge, les égos surdimensionnés des participants et la perte de vue de l’intérêt général au détriment des intérêts individuels car si la question de candidature unique a fait voler en éclat la C14, ce n’est pas à un vieux prélat qui en trois séances réussira à résoudre le problème. 

Mais à trois mois des élections, égrener à la fin d’une telle rencontre un catalogue de revendications qui devra déboucher  sur un autre dialogue,  la même recette qui a montré ces limites, c’est comme les participants à cette rencontre ont la mémoire courte.  A cette allure, on n’est pas loin de la présidentielle de 2005 où l’opposition après un jour de campagne, passe deux jours à la maison en demandant l’ouverture de dialogue. Or tout le monde sait qu’au Togo, les dialogues ne permettent au pouvoir de se légitimer. Et c’est cette légitimation que le pouvoir cherche aujourd’hui dans les urnes quels qu’en soit les moyens.

Avec la bénédiction de la communauté internationale, une commission électorale entièrement acquise à sa cause, de moyens financiers à disposition pour battre campagne, l’armée devenue son cache-sexe, le pouvoir en a cure d’un nouveau dialogue. 

Il appartient donc à l’opposition de renverser le rapport de force en sa faveur. A défaut, de refaire parler la rue, son salut ne viendra que d’une candidature unique. Le contraire, c’est acter la disparition programmée de l’opposition.

 Lire le communiqué sanctionnant la rencontre des forces démocratiques

  COMMUNIQUÉ DES FORCES DÉMOCRATIQUES

A l’initiative de Son Excellence Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro , Archevêque Emérite de Lomé,

Les Forces Démocratiques du Togo, regroupant les partis politiques et organisations de la société civile dont la liste est en en tête du présent communiqué, se sont réunis les 25 octobre, 1er, 8 et 12 novembre 2019, pour mener une réflexion commune sur les conditions de transparence et d’équité du processus électoral dans la perspective de l’élection présidentielle de 2020 au Togo.

A l’issue des travaux, les Forces Démocratiques ont adopté une plateforme revendicative commune sous forme de préoccupations concrètes à mettre en œuvre dans le cadre d’un dialogue républicain entre le Pouvoir et les Forces Démocratiquesen vue de créer les conditions d’un scrutin présidentiel transparent et crédible organisé dans un climat sociopolitique apaisé.

La plateforme revendicative des Forces Démocratiques pour la prochaine élection présidentielle préconise entre autres mesures :

1. Un réaménagement de la CENI et de ses démembrements en vue d’une meilleure représentation du paysage politique national conformément à l’esprit de l’APG;

2. La mise en place d’un démembrement de la CENI au niveau de chaque commune conformément à l’esprit de la loi sur la Décentralisation et du Code électoral;

3. L’obligation pour la CENI et ses démembrements de collaborer étroitement avec tous les acteurs politiques dans la conduite du processus électoral;

4. La recomposition de la Cour Constitutionnelle conformément aux recommandations de la CEDEAO;

5. L’audit de l’ensemble du processus électoral et la certification des résultats avant leur publication par une structure compétente de l’ONU en vue de leur conformité aux normes internationales et la prise en compte des recommandations des missions d’observation électorale au titre des élections présidentielles de 2005, 2010 et 2015;

6. Le déploiement en nombre suffisant, d’observateurs électoraux nationaux et internationaux dès le début du processus électoral;

7. Un recensement des électeurs commune par commune en vue de la constitution des listes préfectorales et nationales conformément à l’article 47 du Code électoral;

8. La possibilité pour tout Togolais de la Diaspora de s’inscrire sur la liste électorale de son pays de résidence sur présentation d’une pièce d’identité togolaise en cours de validité et d’un justificatif de domicile dans le pays d’accueil;

9. La modification du Code électoral afin d’y intégrer la notion de biométrie intégrale pour la constitution des fichiers électoraux et l’identification formelle des électeurs;

10. Un accès équitable de tous les acteurs aux médias d’Etat avant, pendant et après la campagne électorale;

11. Une application stricte des sanctions prévues par la loi en cas d’infraction aux dispositions du Code électoral;

12. Le renforcement du système de sécurisation et d’authentification des bulletins de vote par leur signature dans les BV, afin de lutter plus efficacement contre l’utilisation des bulletins pré-votés;

13. L’utilisation des données biométriques en vue d’une identification formelle de l’électeur le jour du vote;

14. La suppression du vote par anticipation des membres des Forces de Défense et de Sécurité;

15. L’obligation pour la CENI et les présidents des bureaux de vote de délivrer des copies signées des procès-verbaux à tous les membres des bureaux de vote ainsi qu’à tous les délégués des candidats;

16. La publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, commune par commune, CELI par CELI.

Outre ces mesures liées aux conditions de transparence et d’équité du processus, les Forces Démocratiques ont également inscrit dans leur plateforme revendicative :

17. La relecture de la loi sur les manifestations publiques;

18. La libération sans condition et sans exception, de tous les détenus politiques, la fin du harcèlement exercé sur les responsables et les militants des partis politiques, ainsi que l’arrêt des entraves aux réunions et manifestations politiques même dans les lieux privés.

Au cours des travaux, les forces démocratiques ont écouté les révélations graves de M. Mohamed LOUM, principal témoin à charge du pouvoir sur l’affaire des incendies des marchés d’Adawlato (Lomé) et de Kara.

Une cellule de crise a été mise en place pour obtenir que la lumière soit faite sur cette affaire qui implique les responsables au plus haut niveau de l’Etat.

Les forces démocratiques ont pris le ferme engagement de défendre leur plateforme revendicative en vue de sa prise en compte par les autorités togolaises de façon à garantir un climat de paix dans notre pays au lendemain de l’élection présidentielle.

Elles demandent en conséquence la suspension immédiate du processus électoral unilatéral en cours afin de permettre des discussions entre les parties prenantes pour un processus consensuel.

Les Forces Démocratiques sollicitent solennellement l’appui des partenaires du Togo aux revendications légitimes de la plateforme et lancent un appel patriotique à toutes les populations togolaises de l’intérieur et de l’extérieur afin qu’elles apportent leur soutien à ce vaste mouvement citoyen pour la réalisation de l’alternance au Togo en 2020.

Fait à Lomé le 12 novembre 2019

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