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TOGO : VERS LA MONARCHISATION DE LA REPUBLIQUE, LA DEMOCRATIE MENACEE

                                          Faure GNASSINGBE, président togolais

Il ne fait l’ombre d’aucun doute de la volonté de l’actuel locataire du palais de Kégué de s’accrocher au pouvoir ad vitam aeternam au mépris des aspirations du peuple togolais majoritairement acquis pour l’alternance et la démocratie. C’est cette volonté du fils à Eyadema qui est à l’origine de la lancinante crise qui secoue ce petit pays de l’Afrique de l’ouest ces dernières années. Durant plusieurs mois du nord au sud, de l’intérieur comme dans la diaspora, les Togolais qui se sont levé comme un seul homme ne l’ont pas fait pour que Faure GNASSINGBE s’éternise au pouvoir au contraire, ils réclamaient le retour à la Constitution de 1992 qui prône la limitation à deux le nombre de mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, le scrutin à deux tours pour des élections dans le pays et le vote de la diaspora. Ces revendications légitimes du peuple togolais, le seul à n’avoir pas expérimenté dans la sous région l’alternance démocratique depuis plus de cinq décennies ont amené la CEDEAO, la communauté sous régionale, à prendre à bras le corps le cas togolais. Consciente que le problème togolais est le refus d’alternance dans le pays, comme l’a d’ailleurs reconnu le président ghanéen Nana AKUFFO-ADDO, un des médiateurs désignés dans la crise togolaise, l’organisation sous régionale, a alors commis un expert constitutionnaliste en la personne du Sénégalais Alioune Badara FALL pour proposer un texte consensuel respectant les usages en cours dans la sous région à la classe politique togolaise divisée sur la question des réformes avec pour point d’orgue la candidature ou non de Faure GNASSINGBE à une prochaine élection après la modification constitutionnelle.

Ces questions de réforme qui devraient être tranchées avant les législatives de 20 décembre dernier, ont été boutées en touche par le pouvoir de Lomé avec la bénédiction complaisante de la CEDEAO. Aujourd’hui, après le scrutin du 20 décembre, boycotté par une des parties dans la crise, à la suite de la militarisation du pays et la  décapitation en cours de l’opposition démocratique, le pouvoir de Lomé croit pouvoir faire à sa guise en passant pour perte et profit ces revendications dont est porteur le peuple togolais et qui ont même été réaffirmées à la Commission Awa Nana lorsque cette dernière a sillonné le pays. Cette majorité silencieuse ne saura abdiquer aussi facilement à ces revendications.

Aujourd’hui, avec un parlement acquis à sa cause et dont la légitimité est sujet à caution,  le pouvoir de Lomé tente de fouler au pied les revendications du peuple togolais mais aussi les recommandations de la CEDEAO qui avait commis l’expert pour proposer un texte constitutionnel consensuel. Acculé et attendu sur ces réformes à faire avant la fin de cette session parlementaire, le gouvernement togolais se propose d’envoyer un texte au parlement qui n’a rien à voir avec l’esprit de la Constitution de 1992, ni avec les recommandations de la CEDEAO. Le texte à l’étude à la commission des lois de l’Assemblée nationale, selon les informations qui nous proviennent, opterait pour une prolongation du mandat présidentiel de 5 à 7 ans renouvelable une seule fois alors que le mandat des députés passe également de 5 à 6 ans renouvelable deux fois.

Ce texte qui a été proposé par un ami de l’actuel chef de l’Etat, ADJOUROUVI Pacôme, ex élu d’Evry, débarqué de France pour se faire nommé député de l’Avé, consacre la  monarchisation  du pays. Il ne vise qu’à satisfaire la volonté d’un homme qui veut s’accrocher coûte que coûte au pouvoir. Alors que les tenants du pouvoir nous rabattaient les oreilles que la Loi fondamentale doit être impersonnelle, c’est le contraire qu’ils démontrent en envoyant un texte au parlement dans le seul but d’assurer au fils d’Eyadema un mandat aeternam sur le Togo.

Ce texte a croisé la volonté de Faure GNASSINGBE de  devenir roi du Togo à vie. Depuis lors, il bloque les conditions d’une alternative démocratique. Avec la perspective de sa descendance, le Togo sort de la République pour entrer dans la monarchie privée.

Si en 15 ans de règne, Faure GNASSINGBE n’a pas su rentrer dans l’Histoire, il n’a pas su inscrire son nom comme un  digne fils de ce continent, ce n’est pas avec une rallonge de 7 ans qu’il arrivera à la faire. Les députés acquis à sa cause et l’appareil étatique peuvent lui assurer autant de mandats qu’il veut mais le fossé entre lui et ce peuple togolais sera grand et à chaque fois que le peuple aura l’occasion, il lui exprimera toujours sa désapprobation. Et en son âme et conscience, il sait que ce peuple ne le porte pas dans son cœur et que c’est par la force qu’il est toujours là où il est.

EN ATTENDANT QU’UN AUTRE GNASSINGBE ACCEDE AU TRONE

Ce tragi-comédie, les Togolais l’ont toujours imaginé il est en train de se dérouler sous leurs yeux. Bien avant d’envoyer ce texte au parlement, combien de Togolais ne savait pas que la volonté du régime, en écartant l’opposition de la participation des élections, c’est d’ériger une dynastie régnante sur la Terre de nos aïeux. Et même, les Togolais savaient que le pouvoir voulait rallonger la durée du mandat présidentiel de 5 à 7 ans pour permettre à leur « champion » après la remise du « compteur à zéro » de rester au pouvoir jusqu’en 2034, le temps de procéder à un nouveau toilettage de la Constitution.

 Faure GNASSINGBE ne cache pas sa volonté d’être le premier roi du Togo. Un roi qui veut léguer un royaume à sa descendance. Pour lui, l’essentiel est que le pouvoir reste concentré entre les mêmes mains.

Il tient en otage un pays, maquillé en fausse république, et ne compte pas le lâcher. Comme tous les autocrates, il considère le pouvoir comme un butin de guerre que l’on a conquis en mettant sa tête sur le billot. Pour lui, le pouvoir ne se restitue pas. En voulant modifier la constitution, Faure GNASSINGBE est en train de paver le chemin à l’héritier disponible, Meyebinesso GNASSINGBE. Ce dernier comme son frère, fait ses débuts politiques au sein de l’Assemblée nationale en attendant que son heure ne sonne. 

Et si le peuple togolais ne décourage pas ses velléités dynastiques du clan au pouvoir il finira par confondre la république à un bien familial.
Cet impénitent qui n’a évolué que dans la cour de l’intrigue, une créature du clan putschiste, ne croit pas au pouvoir du peuple, seulement au pouvoir des armes. Sinon à la mort de son géniteur, en 2005, il aurait respecté la constitution pour se faire élire par le peuple, mais a préféré se faire établir dans son droit successoral par un quarteron d’officiers. Et à son tour, il va léguer la république, à sa descendance, à défaut à son frère, d’où l’importance pour le peuple togolais de se lever pour bloquer la voie à cette forfaiture.

Po/01/05/19
Francine DZIDULA
togoscoop@gmail.com

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