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Dix ans après les incendies du grand marché de Lomé, un journaliste raconte les faits…

Drame humain, économique, matériel, psychologique… qu’est l’incendie des grands marchés de Kara et Lomé intervenu dans les nuits du 9 au 10 pour le premier et 11 au 12 janvier 2013 pour le second.

En l’espace de deux jours, deux pôles de l’économie du Togo sont partis dans les flammes. Dix ans après, même si le caractère criminel de l’incendie avait été reconnu par la justice, l’enquête est au point mort.

Ce petit matin de ce samedi 12 janvier 2013, nous avons été réveillés en plein sommeil par un coup de fil de notre rédactrice en chef.

TOGOCOM

Sans beaucoup y réfléchir, nous prenions un taxi en direction du grand marché alors qu’on pouvait identifier difficilement dans la pénombre. Dans la voiture, la dame avec qui nous partagions le siège de derrière le chauffeur était une commerçante dudit marché.

Nous l’avons su par les sanglots qu’elle poussait tout au long du trajet. Une fois arrivée à Assigamé, de loin nous apercevions les flammes et les cris des premiers venus sur le lieu du drame.

A quelques mètres du lieu nous trouvions des femmes effarées, entre évanouissement et lamentations, elles supportaient difficilement le choc trop grand surtout que la veille la directrice de l’EPAM (Etablissement public autonome pour l’exploitation des marches) les rassurait que toutes les dispositions étaient prises pour éviter un incendie comme ce qu’a connu la ville de Kara.

Dans la foule, certaines commerçantes avec beaucoup de risque essayaient de sauver encore ce qui peut encore l’être.

Rapidement avec certains confrères ; mon compagnon d’alors du site republicoftogo.com et Carlos Tobias de Fullnews, nous rédigeons à la lueur des lumières de nos PC les premières dépêches depuis notre QG installé en face du bâtiment.

Nous avons été témoins de la fougue de nos sapeurs-pompiers, malgré le faible moyen qu’ils disposaient à venir au bout de cet incendie mais la volonté seule ne suffisait pas.

Ils étaient limités sur le plan matériel et c’était vrai. Dans la foule en sanglots, les supputations allaient bon train qu’un sacré coup de main viendra d’Aflao (Ghana voisin) en renfort à nos pompiers.

Pendant ce temps, les braves pompiers jetaient leurs dernières forces irrésistibles face aux larmes et aux cris de détresse des femmes revendeuses de pagnes qui vivaient leur enfer sur terre.

Certaines femmes victimes assises proches de notre QG clamaient à voix basse : « que la mort vienne nous chercher en même temps, c’est mieux ».

L’ampleur du sinistre et surtout les gémissements des victimes dépassaient les limites de l’intelligence humaine.

Des journalistes qu’on était, nos petites mains frêles tremblotaient sur nos pauvres claviers, juste accomplir un devoir sacré, celui d’informer pour être du bon côté de l’histoire.

Dans cette partie de concert endiablé, chacun jouait bien sa partition et les vrais metteurs en scène étaient ces pompiers qui ne déméritaient pas et en face les colonnes de fumées noires qui s’échappaient des larges fenêtres du bâtiment central pour noircir le ciel.

A vrai dire, le temps était aux arrêts le jour-là.

Le temps de prendre un peu congé de nos claviers, les voilà, ces pompiers qui continuaient de se battre toujours avec les flammes.

Malgré tout, leur jet d’eau arrivait difficilement à atteindre le foyer de l’incendie. Face à cela, les sapeurs-pompiers de l’Aéroport international Général Eyadema (AIEG) étaient appelés à la rescousse.

HCRUNN

Eux non plus ne pouvaient combler les attentes. En ce moment précis nous ne pouvions pas imaginer ce que ressentaient ces pompiers hués par la foule alors que leurs confrères venus de la ville voisine du Ghana, Aflao sur sollicitation des autorités togolaises sont portés en triomphe par cette même population.

Leur équipement de pointe suscitait presque l’admiration de la foule partagée entre les cris stridents des victimes et les quelques mots d’encouragements.

Ces sapeurs-pompiers bien que sollicités directement par le président Faure Gnassingbé auprès de son homologue ghanéen, la population n’a pas compris la misère qui leur est faite à la frontière avant de rentrer au pays.

Pour une telle urgence, ils ont passé près de deux heures à la frontière pour des formalités d’usage.

Commencé au rez-de-chaussée du marché, les flammes se sont rapidement propagées jusqu’au deuxième étage. Ce n’est qu’en début d’après-midi que le feu a été maîtrisée.

Dahuku Péré, l’un des rares homme politique qui a fait le déplacement du lieu du sinistre a failli être lynché par la foule en furie.

Les bruits couraient en début d’après-midi que même le chef de l’Etat voudrait aussi se rendre sur place pour apprécier l’ampleur du drame, sauf que tout donnait à croire que ce n’était pas le meilleur moment et il n’était pas venu bien évidemment.

Quelques heures après l’incendie, son caractère criminel ne souffre d’aucun doute.

Les enquêtes commencées sur les chapeaux de roues ont abouti à l’interpellation et l’inculpation d’une quarantaine de personnes dont des responsables politiques notamment Jean-Pierre Fabre, Agbeyomé Kodjo, Gerard Adja, Mes Jil-Benoit Afangbédji, Raphael Adzaré-Kpandé, Zeus Ajavon, Claude Améganvi, Eric Dupuy, le journaliste Zeus Aziadouvo, Mohamed Loum ou Toussaint Tométy…

A noter aussi que Yakanou Etienne, militant de l’ANC arrêté dans le cadre de cet incendie a trouvé la mort en détention le 16 mai 2013 dans les locaux de la gendarmerie.

Dix ans après ce drame il n’y a jamais eu de procès. S’aurons-t-on un jour ce qui s’est réellement passé dans cette nuit funeste du 12 janvier 2013 ou rejoindra-t-elle aussi la nuit du 13 janvier 1963 qui, depuis 60 ans garde jalousement son secret…

 

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