Kpatcha ou le premier exilé politique de la famille Gnassingbé ?

Kpatcha Gnassingbé, 1^er fils de Gnassingbé Eyadema, ancien président du Togo, à être jugé et condamné à la prison, serait-il aussi le 1^er exilé politique de la famille Gnassingbé du règne de son frère de président ? Tout porte à le croire.

En effet, le transfert du plus célèbre prisonnier du Togo vers le Gabon sous couvert d’évacuation sanitaire n’en était pas un. Si évacuation il devrait avoir ce ne sera pas au Gabon. Ce pays siamois du Togo n’a pas plus d’infrastructure hospitalière digne de ce nom que le Togo.

Il s’agit donc d’éloigner du pays un prisonnier encombrant qui a purgé plus de la moitié de sa peine et rongé par la maladie.

Ainsi Kpatcha rallongerait donc la liste des exilés politiques du régime de Faure Gnassingbé. Même si le pouvoir rechigne à reconnaitre qu’il y a des prisonniers politiques au Togo, tant que des citoyens ne sont pas libres de rentrer dans leur pays pour leur conviction politique, ils sont classés sous le registre de prisonnier politique. Ainsi Tikpi Atchadam, François Akila-Esso Boko, Agbéyomé Kodjo, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, Commandant Olivier Amah, …la liste n’est pas exhaustive. Il faut mettre désormais sur cette liste un certain Kpatcha Gnassingbé. Inimaginable ! Du règne d’un Gnassingbé.

De la carrure du personnage, on aurait pensé qu’il aura droit à un exile doré. Mais tel n’est pas le cas. Même loin de Lomé, l’ancien ministre de la Défense sera surveillé comme du lait sur le feu par son frère. C’est ainsi que selon nos informations, nous apprenons qu’il est en résidence surveillée à Libreville, gardé par des militaires parmi lesquels se trouvent ceux avec qui il a fait le voyage de Libreville.

Mais quelle que soit la raison qui expliquerait le transfèrement de Kpatcha Gnassingbé vers Libreville, le peuple togolais mérite d’être fixé. Tout le monde se rappelle que cette affaire de coup d’Etat depuis avril 2009, avait tenu en haleine le peuple togolais jusqu’à la condamnation. Le procureur de la République venait sur le plateau de la télévision nationale  éclairer la lanterne des citoyens sur les tenants et les aboutissants de l’affaire. Aujourd’hui que le principal accusé n’est plus sur le territoire national, il urge que le peuple soit informé des raisons qui motivent ce transfert. L’affaire Kpatcha Gnassingbé est devenue une affaire nationale qu’aujourd’hui, elle ne peut plus être réglée comme une affaire de famille.

Le peuple togolais a le droit de savoir pourquoi il est transféré à Libreville. Le Procureur doit s’expliquer.

Kpatcha et Faure Gnassingbé font partie des deux fils du Général Eyadema. Les Togolais avaient découvert les deux sur les plateaux de la télévision nationale, dans la soirée du 5 février 2005 quand les Généraux des Forces armées togolaises (FAT) transféraient le pouvoir au plus âgé, Faure Gnassingbé. Accusé d’être un des auteurs de la violence née de la succession, il sera nommé ministre de la Défense dans le premier gouvernement de son frère. Très rapidement, une dualité s’installe entre les deux frères au point où Kpatcha sera surnommé « Vice-président » de la République. Cet antagonisme obligera son frère à se séparer de lui. Quelques mois plus tard, il sera accusé de tentative de coup d’Etat. Une tentative des FAT pour l’anéantir échouera dans la nuit du Pâques 2009. Cependant, Kpatcha Gnassingbé sera arrêté quelques jours plus tard alors qu’il tentait de trouver refuge dans les bureaux de l’Ambassade d’Amérique au Togo. Il sera finalement condamné à 20 ans de prison de réclusion criminelle avec déchéance civique. A la prison son état de santé s’est dégradé au point où des voix se sont levées pour sa libération ou son évacuation pour subir des soins appropriés.

Albert AGBEKO 

E-Mail: togoscoop@gmail.com

Tél : (00228) 90 96 63 64/ 99 56 57 88 : Pour vos reportages, annonces et publicité, contacter le service commercial de votre site Togoscoop