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Togo: La maltraitance et l’esclavage érigés en mode de travail sur les chantiers de CIMCO

 

                                                Les ouvriers sur le chantier de CIMCO

TOGOCOM

 

La cimenterie de la Côte ouest-africaine (CIMCO), filiale de la firme Cim Metal Group basée à Ouagadougou, est le fruit d’un investissement de 65 milliards F CFA, dont 20 accordés par la BOAD sous forme de prêt. À terme, ses productions de ciment  sont destinées surtout au marché local. 

Le démarrage  des travaux de cette cimenterie, en cours d’implantation dans la zone portuaire de Lomé, est prévu pour très bientôt. Des centaines d’ouvriers togolais travaillent jour et nuit sur le chantier afin d’achever au plus tôt, les travaux et permettre le démarrage des activités de CIMCO-Lomé.

Mais après plus d’une année de durs et fastidieux labeurs, la plupart de ces employés viennent d’être remerciés par l’employeur et ceci, sans aucune autre forme de procès. Leur contrat a été tout simplement suspendu sans préavis ni indemnités.

Nous sommes arrivés au travail un matin et on nous demande de retourner à la maison juste parce qu’ils sont contraints de réduire le nombre d’employés. C’est insensé. Nous sommes liés par un contrat écrit et dûment signé avec eux”, s’indigne un ex-employé d’Elan group Togo, l’une des entreprises sous-traitant de CIMCO.

Cette vague de licenciement a été à l’origine de bruyantes manifestations le 24 novembre 2021. Des manifestations qui ont été organisées sur le site de la cimenterie de l’homme d’affaires burkinabè, Inoussa Kanazoe, qui collabore avec cinq entreprises à savoir : Élan group Togo, Entreprise de construction mécanique du Togo (ECMT), EBM, Ayoki Fabricant.

Les contrats signés avec ces employés togolais ne sont pas respectés par l’employeur CIMCO et ses sous-traitants. Dans la majorité des cas, ces contrats stipulent que l’employé est payé à la fin de la journée de travail. Cependant, ce n’est pas ce qui a cours sur le chantier. Ils sont plutôt payés à la fin du mois avec  une série de prélèvements en termes de cotisations sociales et autres obligations.

Sauf qu’au final, ni les cotisations sociales dont il est question, ni les autres cotisations auxquelles ces employés sont soumis, n’existent nulle part. “Nos employeurs nous ont toujours dit qu’on est déclaré à la Caisse nationale de sécurité sociale et que les 5000 F CFA prélevés servaient à cela. J’ai dû me rendre à la CNSS pour savoir que ce n’est pas vrai. J’ai juste un numéro de sécurité sociale et jamais un seul franc n’a été versé sur mon compte“, déplore un employé licencié sans indemnités ni préavis et dont les cotisations sociales n’existent pas non plus. Une situation qui est condamnée par les lois de la République togolaise et qui est susceptible de faire l’objet de poursuites judiciaires contre CIMCO et ses sous-traitants.

Ces prélèvements ne devraient pas exister compte tenu de l’activité, c’est une construction d’une entreprise donc c’est juste pour un temps. En plus avec un contrat temporaire, les ouvriers ne devraient pas travailler pendant la nuit ou faire des heures supplémentaires comme nous le constatons dans ce cas précis“, dénonce pour sa part, le syndicat des travailleurs de la construction.

LICENCEMENT ABUSIF

Les heures de travail sont officiellement fixes. Elles vont de 7 heures à 16 heures pour les ouvriers. Mais ces derniers sont le plus souvent contraints, sous la menace de licenciement, de travailler jusqu’à 19, voire 20 heures. Ils sont présents sur le chantier 7 jours sur 7 et bénéficient d’un mois de congé ‘payé’, selon l’employeur.

Ce qui est inexact. “Nous ne comprenons pas pourquoi quand tu pars en congé tu ne perçois qu’une partie de ton salaire. Alors qu’il s’agit d’un congé payé tel que l’exige le Code du travail. Mais dans notre cas, l’employeur te verse une somme selon son humeur“, se plaint un autre employé rencontré.

HCRUNN

Selon plusieurs observateurs, la sécurité physique des travailleurs laisse à désirer sur le site. Plusieurs cas d’accidents graves ont été signalés. Les employés affirment que la boîte à pharmacie sur le chantier est seulement composée de produits de premiers. “Quand tu es blessé sur le site on te demande simplement d’aller te faire soigner avec tes moyens et de ramener le carnet pour être remboursé. Ces frais sont le plus souvent impayés. Il a fallu que les Occidentaux qui sont à la Direction de CIMCO interviennent pour qu’on puisse nous donner des moyens pour évacuer certains de nos collègues gravement blessés sur le site“, relate  Kossi, un ouvrier blessé et licencié dans la foulée et qui survit aujourd’hui grâce à des petits boulots.

Les employés ont droit à des primes de risques, de hauteur et autres. On devrait leur accorder au moins 72 heures pour étudier le contrat avant de les signer et non les obliger à le faire séance tenante“, s’offusque leur syndicat qui relève dans les contrats soumis aux ouvriers, des pièges et des clauses farfelues qui y sont dissimulés.

Désormais, ces ouvriers considèrent qu’ils ont été abusés par CIMCO et ses sous-traitants et comptent sur leur syndicat pour mener des actions judiciaires contre cette entreprise. ‘Nous exigeons qu’on nous rétrocède les prétendues cotisations de la sécurité sociale et nos salaires en intégralité’, exige l’ouvrier Kossi.

Il est constant qu’au Togo, certaines entreprises sont des zones de non-droit en ce qui concerne la protection et la reconnaissance des droits des travailleurs. Salaires misérables, absence de prise en charge accident ou maladie, absence de protection sociale et licenciement abusif, sont le lot quotidien de ces employés. Dans le cas de CIMCO, nombreux sont ceux qui espéraient un traitement différent au regard du poids de cette entreprise et de la renommée de son patron. Cependant, les premières informations qui sortent du traitement qui est fait des ouvriers sur le chantier en construction, ne sont pas de nature à rassurer.

Il urge d’appeler l’État togolais, les ONG de défense des droits de l’Homme et des droits des travailleurs ainsi que les médias, à s’intéresser de plus près à ce qui se passe derrière les silos de CIMCO pour éviter d’allonger la liste des entreprises hors-la-loi qui transforment leurs employés en des esclaves des temps modernes sans aucun droit.

 

 

 

Francine DZIDULA

Photo: DR

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2 commentaires
  1. Unknown L'utilisateur dit

    On nous traitons comme des fous

  2. Edosko L'utilisateur dit

    Bonjour togoscoop.info
    Je me nomme WOGOMEBOU EDO KOFFI.
    Je suis un des victimes accidenté sur le site CIMCO, javais eu un violent dont jai eu 3 dents cassées et 2 os fracturés au niveau de C4 et C7 Cervicale parce que un Scanner IRM m'a été demandé et mon employeur de EBR joue le chat et la souris , s'il-vous-plaît pour plus d'info voici mon numéro 90-24-19-84

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