Incendie du marché d’Agoè-Assiyéyé : « Que la mort vienne m’emporter », se lamente une commerçante
Lamentable ! Encore un véritable drame pour la femme togolaise. Le marché d’Agoè-Assiyéyé, le plus grand dans les communes d’Agoè-Nyivé et qui s’anime chaque 5 jours a été consumé par un incendie suspect ce jeudi 21 décembre 2023.
Le feu selon les témoins que nous avons croisés sur les lieux a débuté peu après 20h30 à l’intérieur du marché. Rapidement, il s’est propagé à l’aile Est du marché avant de s’étendre.
Comme toujours, sans tirer aucune leçon des incendies qui ont consumé les grands marchés du pays il y a dix ans, la protection civile, le maillon faible de la sécurisation du pays, a encore montré ses limites. Les sapeurs-pompiers appelés pour éteindre le feu ont montré leur impuissance (soit par défaut d’eau ou par incapacité à atteindre le feu) face à la progression des flammes. L’autre difficulté est que la clôture du marché avec des portes étroites n’a pas facilité la tâche aux sapeurs-pompiers. De même l’absence de bouche d’incendie dans le secteur du marché n’est pas fait pour arranger les choses. Il faut attendre plusieurs heures avant que le véhicule des sapeurs-pompiers celui de l’Aéroport notamment ne vienne porte main-forte. Ce dernier s’est beaucoup plus positionné à l’aile Est du marché essayant de contenir le feu d’atteindre une station-service située non loin du marché.
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Geste de dépit de la population qui, après avoir hué les sapeurs-pompiers (un geste qui rappelle ce qu’a vécu leurs devanciers en janvier 2013 après l’incendie du grand marché de Lomé. Les sapeurs-pompiers togolais sont hués par la population alors que leurs homologues venus du Ghana sont portés en triomphe), cette population disons-nous, a commencé par lancer des sachets d’eau de pur water dans le feu.
« L’incendie, c’est évident que cela arrive, mais on pouvait limiter les dégâts si les sapeurs-pompiers étaient intervenus à temps », souligne un jeune homme qui pointe un doigt accusateur sur la défaillance des soldats du feu togolais.
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Entre pleurs et lamentations, les commerçantes impuissantes voient leurs effets se transformer en fumée devant leurs yeux. Un véritable supplice. « Que la mort vienne m’emporter ! Comment ferai-je pour rembourser les prêts ? », se demande une dame en larmes. Un peu plus loin, c’est une autre commerçante qui confie qu’elle a ses trois millions dans son magasin. De l’autre côté de la voie goudronnée, deux jeunes hommes, chacun tenant par un bras une dame presque effondrée tentent de la ramener à la maison.
« Pour les fêtes, je venais juste de me ravitailler en nouveaux stocks de pagnes. Tout ce que j’avais ramené est parti en fumée. Mon malheur, c’est avoir laissé de l’argent liquide également dans ma boutique », raconte une jeune dame.
Informé de la situation, le premier magistrat de la commune, Kovi Adanbounou s’est rendu sur les lieux. « C’est une situation qui nous bouscule vraiment surtout en cette fin d’année. C’est un véritable drame. C’est vraiment triste, très triste. Nous ne savons pas exactement la source de l’incendie pour l’instant. Les sapeurs-pompiers et les forces de l’ordre sont à l’œuvre », a-t-il déclaré selon ses services de communication.
On se rappelle qu’il y a quelques jours, les femmes du marché avait fait une manifestation spontanée pour dénoncer l’étouffement dont elles sont l’objet de la part des forces de l’ordre. A la suite de cette manifestation, le maire avait menacé d’arrêter les meneurs de la manifestation.
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Au Togo, le constat est que les marchés sont dotés de commissariat de police mais il n’y a pas de bouche d’incendie dans les marchés ni de poste de sapeurs-pompiers dans les communes.
Notons que dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, le marché de Kara et 48 heures plus tard, le marché de Lomé ont été dévastés par des flammes. Ces incendies selon les autorités, ont occasionné des dégâts matériels estimés à près de 6 milliards de francs CFA. Officiellement, de ces drames, aucune perte en vie humaine n’est enregistrée. Mais au total 3 106 commerçants (2 225 pour Lomé et 881 pour Kara) ont vu leurs boutiques dévastées.
Francine DZIDULA
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